Шорох листьев

Aimes-tu le bruit des pas sur les feuilles mortes? Il y a des gens qui passent. Parfois ils me donnent des beignets et du café, mais je ne peux jamais sentir leurs mains, bien que j'aie essayé. C'est comme un champ électrique ou quelque chose dans ce genre. Quoi qu'il en soit, je vous remercie, champ électromagnétique doux et amical. J'adore votre café. Mais les beignets parfumés au poisson sont vraiment bizarres. Pas d'infraction. Où suis-je? Eh bien, c'est un espace infini, mais limitee. Quand je marche, je sens l'herbe, des pierres, sable, papier déchiré, du bois, parfois de l'eau. Il y a une grille tout autour, j'aime jouer sur cette harpe monotone. Si vous vous promenez le long de cette clôture, le paysage commence à changer, et plus loin vous marchez, plus cela change. Si vous restez, il change à l'envers et vouz retournez au même endroit où vous avez commencé. C'est très pratique. Je n'aime pas aller loin de la clôture, j'ai peur de m’y perdre. Mais une fois j'ai traversé le parc d’un bout à l’autre et j'ai trouvé un bâtiment au centre. Eh bien, ce n'est plus un batiment;. Il doit avoir brûlé il y a longtemps, il n'en reste que des ruines, quelques planches carbonisées, câbles déchirés et grands carters métalliques. Il est très agréable de jouer dans les cendres. J'aime les toucher, j’aime l'odeur du charbon. J'ai dessiné quelque chose sur les murs, et je me demande ce que c’est au juste... Ici, c’est mon bac à sable préféré. Il n'y a pas de livraison de beignets ici, mais je peux l'entendre, lui. C'est à cause de lui que j'ai traversé le parc, en suivant le son de sa voix. Il a dit "Bienvenue" et j'ai accepté son aimable invitation. Ses histoires d'anges sont vraiment drôles. J'ai aimé le visage de la vieille dame, et sa maison, et comment l'un des anges tenait le fil pour elle. Fil rouge vif. Là, j'ai pensé: mais qu'est-ce qui se passe? comment puis-je dire que c'est rouge? Bon, j'aurais pu imaginer le visage de la vieille dame, mes doigts se souviennent des visages et mon cerveau a créé quelques images, c'est toujours possible. Mais rouge? Alors j'ai écouté encore et encore... Les chats peuvent être rouges ou noirs. Les gens portent des jeans bleus. Le ciel est violet avec des taches jaunes. Quand il m'a montré le ciel, je n'ai pas pu rester invisible plus longtemps. - Je vois ce que vous dites. - Je murmure, en éternuant à cause des cendres. - Qui êtes-vous ? - Je ne vois rien. - Comment faites-vous cela? - Qui êtes-vous ? - Sa voix s'élève. Je pense que c'est assez impoli de sa part. - Je suis l'auditeur. Vous me dites "Bonne nuit" toutes les 24 heures. - Eh bien, bienvenue à Night Vale, auditeur. - Il tousse. - Merci. Maintenant, s'il vous plaît, montrez-moi le ciel. - Chers auditeurs... - Auditeur! Je suis la seule! - Chers auditeurs, nous avons quelques interférences étranges maintenant, nous allons être de retour après les travaux techniques. Jusque-là, voilà nos prévisions météo magnifiques. Il met de la musique stupide et je donne un coup de poing sur le mur le plus proche. Le salaud! - Hé ... - Sa voix est faible, et j'ai l'impression d'un espace clos. - Maintenant, nous pouvons parler en privé. Qui êtes-vous ? Personne ne m'a jamais appelé ici! Nous avons promis toutes sortes de prix et des chiots et des fusils, mais jamais personne... Parlez-moi... Qui êtes-vous ? Il continue à poser des questions, mais je garde le silence. Il faut tenir les hommes en attente. Puis je lui parle, en ignorant toutes ses questions, bien sûr. - Racontez-moi du ciel. **************** Il me raconte tout. Il me montre tout. Le ciel, les visages, le chat volant, les anges, les ordures dans les rues. Son visage dans le miroir. Une fois je l'ai persuadé d’enlever sa chemise et j'ai vu couler ses beaux tatouages. Nous nous parlons pendant les météos. Il m’interdit de lui parler quand il est à l'antenne, mais je parle de temps en temps tout de même. *************** - Je veux vous dire une chose que je ne sais pas. - Est-ce beau? - Je ne peux pas dire... Je pense que c’est beau... belle. - Alors, allez le trouver... attendez, elle? De nouveau, il tousse. Je n'aime pas ça. - Venez au miroir. Je peux voir son visage que je connais de mieux en mieux, mais qui reste un peu irréel pour moi. Mes doigts ne le connaissent pas, et je ne suis pas certaine que son visage reste le même, que c'est un miroir et pas des portraits, un de nouveau chaque jour, je ne sais pas si je vais le reconnaître. Espérons qu'il n'y a pas tant de blonds à trois yeux et avec les tentacules des tatouages qui se meuvent sous une chemise blanche. - Allez-vous... leur demander de ne pas me faire du mal? - A qui? - Les encapuchonnés. Vous les appelez nuages magnétiques. - Comment peuvent-ils faire du mal ? - Demandez-leur, s’il vous plaît... Puis, demain, je viendrai vous voir après mon travail. *********** Je ne peux pas l'entendre et cela me rend nerveuse. Je joue sur ma harpe tout en marchant, et puis je m'arrête pour revenir sur mes pas, mais je marche toujours, de plus en plus nerveuse. Je vois quelques images silencieuses, vagues et floues. La rue, beaucoup d'ordures, les drapeaux rouges, les hélicoptères dans le ciel, les fils électriques sont si beaux contre les nuages pourpres. Une tache verte. Les arbres? La clôture en fer, la grille. Il va de plus en plus lentement, il doit avoir peur. Mais il n'y a pas de nuages magnétiques tout autour, je leur ai demandé spécialement. Puis il voit quelqu'un et s'arrête. Elle est petite, vêtue d'un pull gris à capuche et d'une longue jupe marron. Que fait-il avec cette ratée? Puis elle lève la main et joue une note sur une barre métallique. - Salut.